Boxe Thai

Les origines du Muaythaï sont mal connues en raison de la destruction de nombreuses archives lors de la mise à sac en 1767 par les Birmans de l'ancienne capitale siamoise.


Seules les Annales de Chiengmaï, datant du XVe siècle, et une littérature orale qui relate les épiques combats de rois et de héros devenus ses figures fondatrices témoignent du passé de cet art martial.


NAÏ KHANOM TOM, prisonnier de guerre au moment de la prise de l'ancienne capitale siamoise en 1774, qui emporta victoire sur les maîtres birmans du combat, occupe aujourd'hui le rang de « saint patron » des boxeurs thaïlandais : il est célébré le 17 Mars de chaque année.


PHRA CHAO SUA, dit le « Roi Tigre », est resté célèbre pour son goût de la boxe et ses victoires répétées contre les meilleurs spécialistes de son royaume.


Les récits qui exaltent tous la bravoure thaï ne rendent toutefois pas compte des fondements historiques de l'art du combat qui appartiendrait de longue date à l'histoire des Mongols (« barbares ») venus du Sud de la Chine pour fonder différents royaumes parmi lesquels le Siam, devenu l'actuel Thaïlande.


Cette infiltration prit la forme de véritables expéditions guerrières et aboutit à la prise de pouvoir par une classe dirigeante d'origine thaï déjà en place dans le pays.


Elle fût menée par de petits groupes de guerriers conduits par une aristocratie qui réussit à dominer des populations nombreuses couvrant de vastes territoires.


Elle commença par la conquête des hautes vallées bordant la Chine méridionale et par la soumission des populations indochinoises qui les occupaient.


Les chefs thaïs, Imposant leur langue, leur système de relations et de valeurs, vont fonder sur les terres conquises des principautés dont ils vont par la suite se disputer sans cesse la suprématie.


La puissance siamoise se construisit ainsi progressivement au détriment de ses voisins khmers et birmans, développant un art de la guerre qui s'enrichit d'une influence indienne marquante.

La dénomination ancienne de cet art était alors connue sous le nom de pahuyut, (du sanscrit bâhu, bras, yuddha, combat), « combat des bras ».


Les temps modernes ont apparemment apporté les désignations de muay pour boxe, de tchok muay pour boxer, et de nak muay, pour boxeur. Thaï, quant à lui, signifie « libre ».


Muay Thaï signifie donc à la fois « boxe Thaï » et « boxe libre ».


Héritière du savoir-faire des princes guerriers, le muaythaï qui s'est diffusé dans le pays selon les règles de la transmission orale a subi au cours de son histoire de nombreuses mutations pour se transformer au contact des premiers voyageurs européens, et se structurer progressivement avec la formation d'un pouvoir d'état centralisé.


C'est apparemment auprès des matelots et des soldats des nombreuses expéditions occidentales du 17ème siècle que les Thaïs découvrent les techniques occidentales de lutte.


Les récits des voyageurs font état de combats de coqs, de poissons, de buffles, de scarabées, et de pugilats où l'on se bat les poings entourés de cordes ou d'anneaux de cuivre.


Selon une légende, les premiers échanges de la lutte siamoise avec la savate française auraient eu lieu lors d'un combat, au palais royal, de deux Français contre un membre de la garde de Rama I, en 1778.


C'est dans la deuxième moitié la fin du 19ème siècle, RAMA IV qui favorise la modernisation de l'administration en s'attachant les services d'Européens à des postes de responsabilité comme la direction des douanes et de la police ou la commanderie de port, confie l'instruction de ses propres enfants à une gouvernante européenne : les Thaïs s'ouvrent au monde occidental.


Sous RAMA V, la tradition pugilistique thaï connaît une popularité croissante et vit un véritable âge d'or.


De nombreux combats sont organisés sur demande royale, les boxeurs reçoivent en récompense de leurs victoires des titres militaires.


Cette tradition pugilistique thaï sera enseignée dans les écoles jusqu'aux années 1920, puis sera abandonnée en raison des trop nombreuses blessures qu'elle occasionne.


C'est sous le règne de RAMA VI que débute une normalisation des usages pugilistiques directement inspirée de l'Occident : les combattants vont apprendre à se garantir contre les coups en reprenant l'usage progressif des accessoires de la boxe européenne.

Ils adoptent ainsi le port de la coquille (confectionnée d'abord dans un morceau d'écorce ou un coquillage, tenue par une étoffe passée entre les jambes et autour de la taille avant d'être définitivement remplacée par l'actuelle coquille en métal ou plastique).

Délaissant l'affrontement à mains nues, les Thaïs adoptent la protection des mains et des poignets qu'ils enveloppent dans du crin de cheval, puis, plus tard, dans des bandes faites de cordes de chanvre ou de coton, jusqu'à l'adoption définitive, dans les années 1930, des gants de cuir de la boxe anglaise.


C'est à cette époque qu'apparaîtront les catégories de poids calquées sur le modèle international, la règle des cinq reprises (les rounds) et le minutage à l'horloge.


Les juges quant à eux doivent être aujourd'hui diplômés d'éducation physique, s'affilier à une association professionnelle et être mariés, gage aux yeux des Thaïs, de leur probité et de leur sérieux.


Le Muay thaï change, sous la pression d'une aristocratie occidentalisée qui veut en limiter la dangerosité et s'efforce de lui donner des règles morales conformes à celles de sa Religion.


Cette moralisation de la boxe va continuer d'évoluer avec le renforcement de l'état thaïlandais et avec une professionnalisation qui accélère sa dimension sportive.


La volonté de structurer toujours davantage l'activité et d'en contrôler les lieux et les rythmes n'a cessé de s'affirmer au fil du temps.


Au début des années 1940, la construction des stades s'engage, placée sous l'autorité du Ministère de l'Intérieur qui en fixe strictement le nombre.


A Bangkok apparaissent les deux temples fameux du Muaythaï, le Lumpini et le Radjadamnoen.


Ces lieux sont dirigés respectivement par la police nationale et l'armée royale.

Chaque province dispose d'un gymnase officiel où se déroulent les rencontres locales.


Ce contrôle institutionnel qui ne parvient pas à endiguer la prolifération de petites salles parvient toutefois à encadrer l'activité pugilistique et les rassemblements populaires qu'elle génère.

Chaque jour, les grands stades de la capitale proposent en alternance deux rencontres, l'une l'après-midi, l'autre en soirée : quatorze combats sont retransmis par les chaînes de télévision nationales et régionales.

Complémentairement à cette planification des combats s'organise la professionnalisation des boxeurs.
Environ six mille écoles de boxe réparties sur l'ensemble du territoire national, dénommées « camps » ou gyms, assurent à la fois le recrutement et la formation des athlètes, et, très fréquemment, leur hébergement.


La pénétration des médias audio-visuels dans les campagnes renforce la popularité du Muaythaï.


Au village, on assiste ensemble à la retransmission télévisée des rencontres de la capitale.


Dans les localités les plus pauvres, seuls quelques privilégiés possèdent un appareil de télévision.


Ainsi, chez quelques privilégiés possédant un appareil de télévision (l'arrière-boutique du commerçant chinois ou l'habitation du chef de la communauté villageoise) s'anime soudain une frénésie inhabituelle.


Dans ces réunions improvisées, on lance les paris comme dans les stades de Bangkok.


Structuré, professionnalisé, régulièrement retransmis sur les ondes radiophoniques et les chaînes de télévision, l'art du combat est devenu un divertissement capable de réunir les groupes sociaux les plus divers et de rapprocher les villes et les campagnes.

Art d'une ancienne élite guerrière devenu tradition populaire, le Muaythaï s'est progressivement codifié et constitué en un nouvel académisme imposé par la classe dominante.


Le perfectionnement de ses techniques, la réglementation de ses postures de garde, de ses coups et déplacements, de ses compétitions, la protection de ses pratiquants, ont eu pour effet d'en limiter la brutalité, d'en souligner l'esthétique et les aspects spectaculaires et d'en faciliter son exportation aux quatre coins de la planète.


LES DIFFERENTS STYLES DE MUAYTHAÏ


Parmi la multitude des techniques MUAY maîtrisées par les pratiquants, les différents styles ont été regroupés selon les appellations traditionnelles suivantes :

MUAY-SAI : Boxeur gaucher.

MUAY-KWO : Boxeur droitier.

MUAY-FIMEU : Garde haute ou basse, ce boxeur est un technicien par excellence qui maîtrise toutes les gammes du solfège muaythaï. Liaisons pieds-poings, genoux, coup d'oeil, anticipation il a la particularité d'être efficace même en reculant.

MUAY-TEI : Garde haute, boxeur travaillant beaucoup en jambes, ses coups de pieds sont rapides et puissants.

MUAY-MATNAK : Garde haute ou mi haute, ce boxeur travaille beaucoup en bras, avance et possède le punch.

MUAY-KHAO : Garde haute, ce boxeur doté d'une excellente condition physique avance et travaille en genoux et corps à corps.


MUAY-BOUK : Garde haute, ce boxeur, d'apparence brouillon, éprouve physiquement son adversaire en avançant constamment avec efficacité.